Halles  et  foires

 

 

 

                                                                                                                                 Par Omer Baudry

 

 

 

Les foires remontent au Moyen-Âge, les plus réputées étant celles de Champagne, elles attiraient des marchands de toute l'Europe. Un peu partout, les seigneurs féodaux les ont encouragées et protégées pour permettre le développement de leur fief et en même temps percevoir le tonlieu, taxe que devaient payer les marchands pour avoir le droit de mettre leur étal.

 

 

 

Pour accueillir les marchands, les seigneurs firent construire des halles. Sur l'étendue de Sainte Marie en Saintonge, il y eut des halles à Saujon, Pisany, Corme-Royal, Nancras , Le Gua et peut-être ailleurs.

 

À Saujon, elles étaient devant l'église et appartenaient à la seigneurie et ont continué d'appartenir à la famille de Sénectère après la Révolution et c'est un de leurs descendants monsieur de Conflan qui les vendit à la commune le 16 septembre 1837. Elles occupaient la partie ouest de la place de l'église. C'était un grand quadrilatère, reposant sur de gros piliers carrés de pierre et comprenant 4 travées de 10 piliers. Elles furent détruites en 1900.

 

 

 

Celles de Pisany ont été sauvegardées. Elles ont sans doute été construites par Jean de Vivonne (1530-1599) un peu avant 1600. Elles mesuraient 12 toises x 9 toises (1 toise égale environ 2 m) et ont appartenu aux seigneurs de Pisany jusqu'à la Révolution. En 1842, la municipalité, pour dégager les maisons riveraines, fait supprimer l'angle est par le menuisier Cartier. En avril 1895, la panique de 300 boeufs sur le champ de foire provoque un mouvement de foule et de nombreux blessés.

 

 

 

À Corme-Royal, les halles appartenaient aux Dames de Saintes et se trouvaient au début de la route de Port d'Envaux. La toiture était soutenue par des piliers de bois posés sur des socles de pierre. Elles ont été détruites en 1924.

 

 

 

À Nancras, elles existent toujours mais transformées en salle des fêtes vers 1950. Elles furent construites vers 1605, d'après un contrat passé entre Jacques de Fiefgallet prieur de La Salle et de l'abbaye de Sablonceaux et Regnaud Ogié maistre masson le 15 septembre 1604 (AD 33 G252). Nous espérons que le maire de Nancras, soucieux de conserver le patrimoine communal, trouvera les subsides nécessaires à leur restauration.

 

 

 

À Le Gua, un bâtiment fermé situé entre l'église et la place et récemment restauré a servi aussi de halle au XIXe siècle. Lors de sa fondation, en 1047, par Geoffroy Martel d'Anjou, l'abbaye aux Dames de Saintes reçoit, entre autres, la paroisse de Saint Laurent du Gua très riche de ses salines. Les Dames de Saintes créèrent un prieuré de femmes près de l'église. Il reste des vestiges du logis de la prieure et il est vraisemblable que les halles ont été établies dans une grange aux dîmes ou un chai du prieuré.

 

 

 

Répartition des foires au XIXe siècle

 

Au XIXe siècle toutes les foires étaient très suivies. C'était souvent une sortie, comme le résume bien la légende du dessin de Barthélémy Gautier.

 

-Vous v'la donc à cette belle foëre, vous étou, cousin Ragonaud?

 

-Que voulez-vous!... O n'est point c'que l'on at à zy faire, mais on est curieux d'voir c'qui s'passe, in p'tit; on vit pas comme des animals.

 

 

 

Par décret impérial du 19 septembre 1806 signé à Saint Cloud, les jours de foire sont répartis de la façon suivante :

 

Corme-la-Forêt (Corme-Royal) : 2e  mercredi de mars et de mai, 25 août et 2 novembre

 

Nancras : 1er  jeudi de janvier, mai et septembre

 

Le Gua : 2e  mardi d'avril et août

 

Les Épaux de Meursac : le mardi de Pâques et le 2e mardi de septembre : 1er vendredi de mai, juillet et septembre

 

Saint-Romain : lundi de Pâques et de Pentecôte

 

Saujon : 2e lundi de chaque mois

 

 

 

Les Annuaires de la Charente inférieure de 1858 et 1891 signalent quelques modifications:

 

Balanzac : 2e samedi de mai et septembre,

 

Corme-Royal : dernier jeudi de chaque mois sauf en février et en août où elles étaient le 25

 

Les Épaux de Meursac : mardi de Pâques et 4e vendredi de chaque mois

 

Nancras : 1er jeudi des mois impairs

 

Le Gua : 1er jeudi des mois pairs

 

Meursac : 4e mardi de chaque mois

 

Pisany : 1858, les 29 mars, 29 juin, 29 août et 29 novembre,

 

        1891, le 29 de chaque mois plus les 1ers dimanches de février, juin, août, octobre et décembre

 

Saint-Romain-de-Benêt : les lundi de Pâques et de Pentecôte et le 3è dimanche de chaque mois,

 

Saujon : 2è lundi de chaque mois, plus le 24 juin

 

La presque totalité des actions commerciales se faisaient à ces occasions, en particulier les ventes de bétail. La plupart des classes étaient fermées le jour de la foire de Saujon (mais étaient ouvertes le jeudi suivant) pour permettre aux enfants d'aider à conduire les animaux à la foire.

 

 

 

Seule la foire de Saujon a survécu aux changements de modes de vie et des moyens de communication du siècle dernier surtout à partir de 1950.

Les halles de Saujon

 

 

 

Par Omer Baudry

 

Article publié dans le N°306 avril 2004 du Fil de la Seudre

 

 

 

 

 

Saujon est depuis longtemps un centre commercial très important, grâce, au Moyen-Âge, au commerce du sel, au port de pêche de Ribérou et aux populations des environs qui venaient vendre leurs produits (céréales, vins, bétail...) et acheter ce dont ils avaient besoin.

 

Du fait de sa position au fond de l'ancien golfe de Saintonge, où le sol riverain de la Seudre a été long à se stabiliser, les populations se sont regroupées en 3 quartiers distincts : le quartier des halles autour de l'église, le quartier de la croix (son nom est lié à la présence d'une croix située devant l'actuelle mairie, transférée en 1837 sur la route de Royan où elle se trouve toujours, à gauche, avant le passage à niveau) et le quartier de Ribérou.

 

 

 

Les halles seigneuriales dont nous avons parlé dans le précédent numéro, construites en 1555, ont toujours été le principal centre du commerce. En 1855, les commerçants du quartier de la Croix se sont associés pour créer une halle aux grains à l'emplacement de la mairie actuelle qui se trouvait alors à l'emplacement de la poste. Colère des commerçants du quartier des halles. Ils répliquent en faisant construire aussi une halle aux grains dans un style néoclassique à côté des halles seigneuriales devenues municipales en 1837, comme nous l'avons vu. C'est le Minage, du nom d'une taxe sur les marchandises perçue sous l'ancien régime. Désaffecté depuis longtemps, il est occupé par l'Office de Tourisme. Remous du côté du quartier de la Croix. Pour les calmer, le maire y autorise un marché le samedi. Les commerçants du quartier des halles écrivent au Préfet : « On nous a enlevé des marchés dont nous étions en possession depuis un temps immémorial.... », allant jusqu'à  affirmer qu'on ruinait leur commerce.

 

 

 

Pour calmer tout le monde, la municipalité achète en 1862, par un même acte, les halles de la Croix et le Minage.

 

 

 

Les halles de la croix sont détruites en 1876 pour permettre la construction de l'Hôtel de Ville.

 

En 1900, après la destruction des halles devant l'église, la location de tentes mobiles les jours de foires et de marchés ont été prévus en attendant la construction du marché actuel à l'emplacement des Nouvelles Galeries, achetées à M. Lehmann le 18 juillet 1931.