Les marais salants de Brouage


par André de Savignac

Dans le bulletin n°39/2018 André de Savignac a publié un article sur le marais de Brouage, à partir de documents d’archives trop longs pour être insérés.

 

Il s’agit de la correspondance des Intendants de La Rochelle, Begon, Beauharnais puis de Creil, avec le Contrôleur Général des Finances, enregistrées sous les cotes G/7/342 et G/7/343 des Archives Nationales.

 

Nous publions ici ces archives, en complément de l’article du bulletin.

 

 

Au XVIe siècle, Brouage était un port très actif pour le commerce du sel et fut disputé au cours des guerres de religion par les deux partis. En 1585, Condé, chef des protestants, en fait le siège et coule dans le havre 20 bateaux remplis de sable et de cailloux. Le gouverneur, d’Espinay Saint-Luc, fait renflouer les plus petits, mais les navires de fort tonnage ne peuvent accéder qu’à marée haute.

 

 

 

En 1620, durant le siège de la Rochelle, les protestants coulent à nouveau 5 bateaux pour obstruer les accès. En 1627, Richelieu achète la ville et en devient le gouverneur. On y avait une escadre de 15 vaisseaux de guerre et 7 galères. De 1630 à 1640, les remparts sont renforcés. À l’époque le havre avait une largeur d’environ 400 mètres et la mer pénètrait  très en avant jusqu’à la tour de Broue où de gros bateaux pouvaient accoster en 1620.

 

 

 

En 1653, Mazarin devient le gouverneur mais en néglige l’entretien. En 1667 Colbert décide de faire de Rochefort un grand port et abandonne Brouage, si bien que progressivement les chenaux s’envasent malgré les curages commandés par Vauban en 1684 et les marais salants diminuent d’importance.

 

 

 

La correspondance des intendants (Archives Nationales G/7/342) nous informe que le 20 décembre 1710, suite à la supplique des producteurs de sel, le Roi Louis XIV a ordonné que le sieur de Beauharnais, intendant de la généralité, fasse procéder à l’établissement de devis pour remédier à l’envasement du marais. Beauharnais fait faire l’étude du curage du chenal de l’Épine et procède à l’adjudication le 3 août 1713. Le 26 août 1713 il envoie le raport sur le projet s’élevant à 23687 livres et portant sur l’élargissement du canal de l’Épine.

 

Cependant en septembre1715 le travail n’était pas encore fait.

 

 

 

En mars 1714, (G/7/343) le Contrôleur général des finances, Desmarets, envoie le sieur Boutillier faire une étude sur le problème du rétablissement du havre de Brouage. Boutillier lui fait un rapport secret. Il a consulté l’ingénieur Masse qui fait des cartes pour la Cour et qui lui a demandé de garder le secret de cette rencontre vis à vis du sieur de Favard, directeur des travaux de la généralité, qui dépend du Conseil de la guerre. Ce dernier mène de son côté une étude similaire en liaison avec l’intendant de Creil.

 

 

 

Boutillier conclue à un coût des travaux de 609050 livres, travaux qui doubleraient la surface de marais salants et la production de sel pour le service de la gabelle.

 

 

 

Louis XIV meurt le 1er septembre 1715. Sous la régence du Duc d’Orléans, le Duc de Noailles est président du Conseil des finances. Le 28 juillet 1716, il écrit une lettre à M. de Creil. On trouvera ci-après la correspondance qui s’ensuivit jusqu’à fin 1716. On ne sait si le projet a finalement abouti, mais au cours des deux siècles qui suivront plusieurs canaux seront ouverts. Actuellement, les principaux canaux sont :

 

            celui de la Charente à la Seudre relié au canal de Brouage (prolongé par le canal de Broue),

 

            et le canal de Mérignac (ancien canal de l’Epine).

 

Le chenal de Brouage n’a pas pour autant été ramené à sa largeur initiale. Elle est actuellement d’environ 50 mètres.

 

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Marais Brouage 17e siècle A.de Savignac.
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