_________________________________________________

 

L'église de Corme-Écluse _________________________________________________

 

Par Omer Baudry

 

 

Les cartulaires de Saint-Jean d'Angély révèlent que Ranulphe évêque de Saintes, donne en 1104 aux Bénédictins de Saint-Jean d'Angély l'ancienne église de Corme-Écluse beatae Mariae Cormae Esclusae, en exigeant que les moines en construisent une autre où il désire voir se perpétuer le culte rendu depuis longtemps à la mère de Dieu représentée par une statue de bois dont nous parlerons ultérieurement.

 

La charte de donation porte en plus de la croix de l'évêque la signature de son archidiacre Pierre de Soubise, de Geoffray son chapelain et de Jean prieur de Mortagne. Les voeux de l'évêque sont exaucés et les bénédictins construisent l'église actuelle qui a traversé les siècles sans trop de vicissitude, puisqu'elle nous est parvenue entière, presque dans son état d'origine même si les transepts sont considérés comme un peu plus tardifs mais cependant d'époque romane. Il faut cependant noter que le 2e étage du clocher est plus tardif. Il n'est pas roman.

 

L'église est en forme de croix latine. Sa façade est typique des églises de Saintonge avec ses 3 nivaux formant un ensemble très harmonieux :

             - Au rez-de-chaussée, le portail sans tympan, comme toujours en saintonge, est entouré de deux portes aveugles qui pourraient annoncer une nef avec des bas-côtés. Il n'en est rien la nef est unique

                - À l'étage, une rangée de huit arcatures aveugles reposant sur un bandeau sculpté.

  - Le troisième niveau est un pignon tout simple percé d'une fenêtre et reposant sur une corniche soutenue par des modillons sculptés.

 L'arcature supérieure du portail montre le Christ tenant des coupes pour abreuver des oiseaux au nombre de douze, sans doute les apôtres, allusion directe à l'Eucharistie.

 

Les autres sculptures évoquant de délicates broderies de pierre décrivent un monde joyeux en marche vers une sorte de paradis, très terrestre presque païen, insouciant, les rinceaux forment des guirlandes où le mysticisme est absent avec des luttes sans méchanceté, des chasses fructueuses, même les dragons sont pleins de bonhomie.

 

À l'intérieur, la sculpture est plus sobre, les chapiteaux de la croisée du transept représentent des paniers tressés, la coupole sur trompes est encadrée par ses sculptures curieuses à très long cou.