1918  Grippe espagnole                                                                         2020 Covid-19

Petit coup d’œil dans le rétroviseur de l’Histoire


Laura Spinney, journaliste américaine, a publié en 2017, à la veille du centenaire de la pandémie de grippe espagnole : La Grande Tueuse, Comment la grippe espagnole a changé le monde.

 

Dans cet ouvrage de 430 pages, elle explique que la grippe n’a rien d’espagnol puisqu’elle n’est pas née en Espagne. Elle propose trois hypothèses : elle pourrait être née au Kansas (États Unis), en Chine ou dans la Somme sur le front de la Première guerre mondiale.

 

La grippe a ensuite déferlé sur le globe en trois vagues décalées dans le temps suivant les pays.

 

En France :

 

  • la première vague, du printemps 1918, a frappé les troupes combattant sur le front.
  • la seconde, de l’automne 1918, est arrivée par le port de Brest. C’est la plus meurtrière par le nombre de victimes dans l’ensemble de la population.
  • La troisième est arrivée en janvier 1919.

 

Combien la pandémie a-t-elle fait de victimes ? En France on estime qu’il y a eu 400 000 décès. Dans le monde les estimations sont impossibles à faire. Un chiffre couramment lu est de 50 millions de victimes.

 

 

Pour la Charente-Inférieure, le dossier 7M3/9, trouvé aux Archives Départementales de La Rochelle, apporte un éclairage local et complémentaire.

 

Dans ce département, l’épidémie grippale est apparue en mai et s’est terminée en novembre 1918. Ce qui montre un décalage par rapport à l’échelon national. Une constatation s’impose, comme pour l’épidémie actuelle de Covid-19, la grippe ne frappe pas toutes les zones en même temps.

 

D’autre part, la mortalité paraît plus élevée dans les zones urbaines où les contacts entre personnes  sont plus fréquents. Tel est le cas pour la caserne de Rochefort (promiscuité des soldats) et pour la ville de Royan (arrivée des vacanciers en juillet-août).

 

Ce coup d’œil dans le rétroviseur de l’Histoire, apporte des éclairages mutuels sur les deux épidémies : on comprend mieux le développement de l’épidémie de grippe espagnole à travers celle du Covid-19 et réciproquement.

 

Parmi les documents diffusés par l’Inspection de l’Assistance et de l’hygiène publiques entre la fin  septembre et le 14 novembre 1918, nous vous présentons le premier, le dernier, puis deux autres  plus détaillés.

 

Premier arrêté du préfet :

9 octobre 1918.

 

 

Article 1er : Est prononcé jusqu’à nouvel ordre, le licenciement des établissements d’enseignement secondaires et primaires, publics et privés, existant dans le département.

 

Article 2 : Sont interdites jusqu’à nouvel ordre, toutes réunions dans les salles de théâtre, de cinémas et de concert existant dans le département.

 

Article 3 : Les contraventions aux présentes dispositions seront constatées par des procès-verbaux et poursuivies conformément aux lois.

 

 Dernier arrêté du préfet :

14 novembre.

Il annonce la fin de l’épidémie.

 

J’ai l’honneur de vous faire connaître que par décision de ce jour j’ai rapporté mon arrêté du 9 octobre dernier prescrivant la fermeture momentanée des établissements d’enseignement secondaire et primaire ainsi que des salles de théâtres, cinémas et réunions.

 Les salles de théâtres et cinémas seront réouvertes à partir du 16 novembre et les établissements d’enseignement sus visés du 18 novembre.

 

Je vous serai obligé de vouloir bien porter ces nouvelles dispositions à la connaissance de M le Général Commandant la base américaine, à La Rochelle.