Hommage à Bernard Tastet

                                                                                                         Par Robert Martel

Cimetières familiaux du XIXe siècle.

 

 

            La SHASM est triste écrit, fort justement, Jean-Michel Clochard : Bernard Tastet s’en est allé vers d’autres cieux, nous laissant tous orphelins.  Il a rejoint son fidèle compagnon Claude Goulevant. Ensemble, bien que différemment, ils ont agi pour faire valoir ce petit patrimoine rural mal connu souvent caché ou totalement méconnu que sont les cimetières familiaux. Ils ont su les trouver. Claude les nettoyait pour lire les épitaphes. Bernard notait et entamait des recherches historiques et généalogiques. Ils se sont concentrés sur leur commune natale réciproque dans une collaboration étroite.

 

            

Leurs fiches qu’ils m’ont communiquées, quasiment léguées, sont aujourd’hui, un des piliers du dossier de la MHPC (Maison de l’histoire du Protestantisme charentais) dont la gestion m’a été confiée. Celui-ci a aussi bénéficié du mémoire réalisé en 1982-83 avec l’historienne Francette Joanne (actuellement membre de l’académie de Saintonge).  La recherche a alors quitté le seul territoire de Chaillevette et Étaules pour celui de la Presqu’île d’Arvert.

 

            

Cette recherche permanente et opiniâtre est un chantier, jamais fini. Bernard et Claude l’ont entamé, me communiquant leur passion et d’autres adhérents de la SHASM, m’ont fait part de leurs connaissances sur Médis, Cozes, Épargnes etc. Le chantier s’est élargi au territoire de la Saintonge maritime et même du nord saintais. Ce chantier est vaste, mais limité à une période précise qui commence avec le décret impérial du 23 brumaire an XII (1804) et perd de son intérêt pratique, en 1881, avec la loi républicaine de sécularisation des cimetières communaux.

 

           

  Ce chantier a deux aspects que la collaboration de Bernard et Claude illustre fort bien. Un cimetière familial est d’abord un site, certes inaliénable, qui exige un entretien permanent, un coût (en argent et énergie). Ensuite, ces cimetières conservent une histoire familiale du XIXe siècle, parfois difficile à raconter et faire valoir. Je cite deux exemples récents, liés à l’histoire nationale.

 

             

Le 2 juillet 2016, bicentenaire du naufrage de La Méduse,  la commune de La Tremblade et le Musée national de la Marine à Rochefort s’unirent pour célébrer et déposer une gerbe sur la tombe de Jean-Daniel Coudein, l’officier de marine, protestant, qui dut commander le radeau et survit au drame. Quelle leçon d’histoire ce fut !  

 

          

  Nous avons tous appris à l’école que le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération est célébrée au champ de mars à Paris. Nous ignorions, quasiment tous, que cette fête devait avoir lieu dans toutes les communes. En travaillant sur la généalogie du premier maire de Chaillevette inhumé avec son épouse dans une propriété de Chatressac. Bernard découvre que, ce jour-là, le discours fut prononcé, non par le maire, mais par son épouse, de la lignée ancestrale de Claude.          

 

           

Bernard nous laisse un très beau cadeau qui doit nous encourager à continuer de faire parler les hommes et les femmes de Saintonge, ce qu’il a commencé à réaliser avec talent admirable.  

 

                         Claude Goulevant